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« Saint-Pierre n’avait pas de compte en banque », a déclaré mardi le pape François, dans un plaidoyer pour une Eglise pauvre qui n’agisse pas en « entrepreneur », à l’occasion de la messe quotidienne dans la résidence Sainte-Marthe au Vatican.
« Quand nous voulons faire une Eglise riche, l’Eglise vieillit, n’a pas de vie ». La pauvreté qui doit caractériser l’Eglise « nous sauve du risque de devenir des organisateurs, des entrepreneurs », a-t-il dit, au cours d’une messe concélébrée devant une petite assemblée avec Mgr Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF, ex-Saint-Office).
Le pape, dans ses homélies quotidiennes, prononcées sans note, devant un soixantaine de personnes dans la chapelle de la résidence Sainte-Marthe où il habite, a l’habitude de commenter l’Evangile du jour. Ses paroles ne doivent donc pas être interprétées comme une injonction aux institutions de l’Eglise à fermer leurs comptes en banque ou à ne pas poursuivre leurs nombreuses oeuvres coûteuses en matière de santé, d’éducation, de secours aux pauvres à travers le monde, soulignent les vaticanistes. C’est davantage une attitude de pauvreté et de dépouillement qui est fixée comme objectif radical à terme de l’Eglise.
La pauvreté est un des piliers de l’enseignement du pape argentin, qui avait l’habitude à Buenos Aires de se rendre dans les quartiers pauvres. Il avait déclaré peu après son élection, en expliquant le choix de son nom, François d’Assise: « comme je voudrais une Eglise pauvre, pour les pauvres! ». Il prépare une encyclique sur la béatitude de l’Evangile « Heureux les pauvres ».
En présence de membres de la puissante CDF, le pape a affirmé mardi que « la prédication évangélique naît de la gratuité »: « ce que j’ai reçu gratuitement, je dois le donner gratuitement ».
« Dès le départ, c’était comme ça: Saint-Pierre n’avait pas de compte en banque, et quand il a dû payer les impôts, le Seigneur l’a envoyé en mer pêcher un poisson et trouver dedans la monnaie, pour payer », a-t-il ajouté, en faisant allusion à la monnaie symbolique de la parole de Dieu.
Le pape argentin a cité un autre passage des « Actes des Apôtres », quand l’apôtre de Jésus, Philippe « est allé trouver le ministre de l’Economie de la reine Candace » (alors reine d’Ethiopie). « Il n’a pas pensé: on va faire une organisation pour soutenir l’Evangile. Il n’a pas ouvert un commerce avec lui: il a annoncé (l’Evangile), il a baptisé et est reparti ».
« Il faut certes poursuivre les oeuvres de l’Eglise –et certaines sont un peu complexes– mais avec un coeur habité par la pauvreté », a-t-il dit, en répétant que l’Eglise « n’est pas une ONG ».
Ces déclarations, radicales et diffusées via Radio Vatican dans le monde entier, peuvent accentuer le malaise d’une partie de l’Eglise institutionnelle, attachée à certains privilèges et parfois accusée de corruption. Mais, selon les vaticanistes, le pape entend ainsi susciter un changement d’attitudes par sa parole plus que par les structures.